La Parole et la mer

La parole est une vague qui trace le sillage de la mer
L’étendue n’est pas une platitude sans mouvement
Le texte est un océan profond sur lequel l’esprit vogue et navigue selon
le courant qu’il saura traverser, brider tel un marin à bord de son vaisseau
Les abysses tirent vers les fonds obscurs la finalité du sens visible
Nous demeurons en surface, afin de s’immerger dans la lumière salvatrice
Et avaler l’air pénétrant du vivant qui veut subsister
On ne s’enfonce qu’un moment dans la masse étouffante des eaux profondes
Mais nous remontons aussitôt rechercher les bouffées atmosphériques
Quel plaisir que de survoler la nappe souple et impulsive des mers en vue
L’horizon est supérieur à notre désir de s’enfoncer
Se noyer à l’intérieur des choses, c’est accepter la mort du Moi
et se laisser engouffrer par la gueule béante du Monde méconnu