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Souvent, en méditant, il est récurrent de sentir ses mains et sa tête gonfler, ayant l’impression qu’elles sont soudainement énormes et disproportionnées. Il semblerait que les surfaces du cerveau reliées aux mains et à la tête sont bien plus étendues que pour n’importe quelle autre partie du corps, ce qui expliquerait l’afflux soudain d’énergie qu’on perçoit dans ses membres, étant au plus profond de son esprit pendant cet exercice. En fait, si nous dessinions le corps proportionnellement à son schéma cérébral (à sa carte mentale), les mains et la tête occuperaient une superficie bien plus grande que pour toutes les autres parties du corps. |
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Source: Gershon and Nan[https://web.media.mit.edu/~nanzhao/webfiles/homunculus/homunculus.html?fbclid=IwAR3JBWY43p54gei4f_Oupw_eZeDa4D4d5lv9irX1fl3MIlX4ca3YmaLUseY]
La sensibilité somatique est certes beaucoup plus concentrée dans certaines régions de notre corps et l'aire corticale qu'elles occupent est nettement disproportionnée quant aux autres membres. D'une part, le cortex somatosensoriel traite l'information sensorielle reçue par le derme et par les différents organes. D'autre part, le cortex moteur régit les différents mouvements de notre corps, organisant et schématisant la motricité des membres afin que la «commande motrice», ou l'intention de mouvement, soit bien envoyée aux muscles et aux articulations. Le concept de proprioception - la perception de la position et du mouvement du corps - prend tout son sens lorsqu'on analyse les multiples mouvements des mains et du visage, discernant alors l'agilité et la structure fort élaborées de nos divers gestes, aussi nombreux et particuliers soient-ils, car tout au long de notre vie notre cerveau schématise les mouvements de nos membres, de nos muscles et de nos articulations, afin de consolider une connaissance motrice qui nous permet de maîtriser l’usage de nos différentes parties du corps.
Source:[https://www.researchgate.net/figure/Cortical-homunculus-by-Wilder-Graves-Penfield-174-It-represents-the-mapping-the_fig4_278634318] |
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En s’entraînant, la proprioception se renforce nécessairement. Pensons à l’extrême complexité motrice de ces zones, comme la bouche, capable de parler une multitude de langues, de chanter, de siffler, etc. Puis, les mains, outils fabuleux qui nous servent à manier mille et une choses, à construire toute sorte d’objets, jouer de la musique, écrire, dessiner, façonner et j’en passe. Bien sûr, c'est le fruit d'une évolution longue et travaillée (le travail de toute une espèce), au bout de laquelle, la complexité de la carte mentale se révèle aujourd'hui dans la multitude de mouvements que nos membres peuvent exécuter. Toute discipline motrice s’apprend et le cerveau se porte garant d’y stocker l’information nécessaire. Tant de choses que celui-ci enregistre dans un lieu dédié à une partie précise du corps, en ce qu’il y a l’espace mental de la chose et la chose en-soi; nos mains, alors, occupent un large espace mental qui stocke une mémoire incroyable. Par exemple, une pièce apprise au piano il y a longtemps revient souvent comme quelque chose d’acquis qui ne tend qu’à être réactivé et, avec un peu de persévérance, ça finit par revenir à travers les muscles mêmes des doigts, éveillé dans leurs plus infimes fibres comme s’ils possédaient en eux-mêmes une mémoire. Certaines activités, qui furent longuement pratiquées dans le passé, sont si bien ancrées dans le cortex qu’elles peuvent ressurgir avec un peu de concentration et de pratique. L’entraînement permet donc de configurer des zones du cerveau, un phénomène merveilleux qu’on nomme plasticité neuronale, c'est-à-dire que le cerveau se moule aux formes qu'on imprime dans ses zones, des circuits se tracent et s'ancrent dans la structure cérébrale. Le cerveau est certes moins malléable qu’à l’enfance, mais ça ne veut pas dire que l’apprentissage est impossible, au contraire, notre corps et notre esprit sont étonnamment performants, bien plus qu'on ne l'imaginerait; il faut avant tout continuer de construire et de renforcer ses liens neuronaux, ses capacités d’apprentissage, en mettant à l'épreuve notre cerveau, l'exigeant de recourir à ses propres moyens pour fournir des solutions et poser des actions favorables. Dès lors, il faut continuer de solliciter son esprit et son corps afin de consolider l'union entre notre corps et notre cerveau.
Cette plasticité du cerveau, permettant de configurer des zones cérébrales, de réorganiser les territoires mentaux, me mène à une question: la forme plastique du cerveau contrevient-elle à l’immuabilité de l’être, de l’âme, à son essence? L’identité de l’individu est-elle aussi plastique que les schémas d’apprentissage (que les zones corticales)? Donc, une question assez basique au final, l’identité est-elle le fait d’un apprentissage, et surtout d’un apprentissage contingent? Ou est-ce que l’être, l’essence, évolue à travers des filets d’apprentissage, sans pour autant contrevenir à l’authenticité de l’intention, à l’identité, à sa forme fondamentale?
par FARAH LOUIZA - 1 juillet 2020
FARAH LOUIZAlouizamahdjoub@gmail.com |
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